Panorama des réseaux au service des entreprises industrielles en Occitanie

17 juin 2025

Pourquoi l’Occitanie est-elle un terreau fertile pour les réseaux industriels ?

La région Occitanie compte près de 200 000 emplois industriels, soit la 2 région industrielle de France (source : INSEE, édition 2023). Si Toulouse et Montpellier concentrent les sièges de filières de pointe, la part de l’industrie dans l’emploi total atteint des sommets dans des territoires plus ruraux : 28 % à Figeac, 24 % à Tarbes, 21 % à Albi (source : CCI Occitanie). C’est tout un maillage régional qui s’exprime à travers une multitude de sociétés, ETI et PME, parfois isolées, qui tirent avantage de l’existence de réseaux spécialisés.

L’histoire industrielle régionale – basée sur la coopération (aéronautique, agro, clusters textiles, etc.), les enjeux de décarbonation et les grands projets collectifs (ex : soutien au véhicule hydrogène, décarbonation industrielle via le plan France 2030, etc.) – a favorisé l’émergence de réseaux puissants, publics, privés ou mixtes.

Pôles de compétitivité : catalyseurs d’innovation et d’export

Créés à partir de 2005 via la politique nationale des pôles, ces regroupements d’entreprises, laboratoires et organismes de formation sont un pilier de l’écosystème industriel régional. S’ils sont parfois perçus comme réservés aux “grands”, ils jouent en réalité un rôle fondamental pour toute entreprise innovante – même petite.

  • Aerospace Valley (Toulouse/Montauban) : premier pôle européen de l’aéronautique, spatiale et drones, fédère près de 950 membres (dont 80 % de PME/TPE) avec un budget annuel dépassant 6 millions d’euros. C’est une porte d’entrée incontournable pour accéder à des projets collaboratifs, trouver des partenaires, répondre à des appels à projets structurants, bénéficier de formations et ateliers (source : Aerospace Valley).
  • Agri Sud-Ouest Innovation (Toulouse/Auch/Montauban) : le cœur du réseau agro-industriel et agroalimentaire, près de 430 membres. C’est le point de ralliement pour l’innovation dans l’agriculture, l’agroalimentaire et la bioéconomie.
  • DERBI (Perpignan) : spécialisé dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, il accompagne la filière industrielle de la transition énergétique (plus de 200 membres).
  • Eurobiomed : biotechnologies, medtech, industriels de la santé – plus de 400 membres en Occitanie et PACA. Idéal pour toute entreprise souhaitant évoluer dans la filière santé/industrie.
  • Water & Waste (Montpellier) : le cluster industriel de l’eau et gestion des déchets pour accompagner l’innovation industrielle environnementale.

Ces pôles proposent : accompagnement pour projets collaboratifs, label d’excellence, accès à l’expertise scientifique, synergies entre membres (PME, grands groupes, startups), accès à des réseaux nationaux et européens, journées business, diffusion des appels à projets innovation, mises en relation sur mesure…

Clusters et réseaux thématiques : proximité et pragmatisme

Il existe parallèlement une myriade de clusters sectoriels ou territoriaux, généralement plus accessibles que les pôles de compétitivité et souvent très opérationnels. La France compte plus de 400 clusters, dont une quarantaine en Occitanie (source : CCI Occitanie).

  • Robotics Place : le cluster des industriels et sous-traitants de la robotique et de l’automatisation (Tarbes, Toulouse). Près de 130 entreprises réunies pour échanger sur les market trends, acheter des formations, et participer à des salons collectifs (Industrie Grand Sud-Ouest, Global Industrie, etc.).
  • Automotech (Montauban) : réseau régional des acteurs de la mobilité et de l’automobile avec un spectre élargi (équipementiers, fournisseurs, numérique, machinisme agricole).
  • Occitanie Maritime : fédère la filière navale et nautique, industrielle ou artisanale, à l’échelle du littoral.
  • Pôle Tomate et Fruits & Légumes de France Sud-Est : cluster agro-industriel né pour structurer la filière du végétal.
  • Cluster Chimie Verte Sud : allie laboratoires, PME et ETI acteurs de la chimie du végétal, des matériaux biosourcés et de la transition écologique.

La plupart de ces clusters :

  • organisent des visites d’usines et clubs “innovation”
  • offrent la mutualisation d’achats, d’actions commerciales ou d’investissements (ex : plateformes de machine-outil partagées, achats groupés d’énergie ou matières premières)
  • présentent des parcours de mentorat accessibles même aux TPE
  • mettent en place une veille spécifique dédiée au secteur (veille règlementaire, technique, appels à projets, nouvelles normes…)

Réseaux de soutien généralistes : Accélérateurs, fédérations, pairs

Certains réseaux embrassent plusieurs secteurs industriels en mettant l’accent sur le développement collectif et la force du groupe.

  • Mecanic Vallée (Aveyron, Lot, Corrèze) : plus de 220 entreprises industrielles du secteur mécanique, aéronautique, automobile et sous-traitance industrielle. Particulièrement engagé sur la formation et la fidélisation des talents, Mecanic Vallée propose aussi des actions d’export mutualisé et de coopération avec les écoles d’ingénieurs (INSA Toulouse, ENIT Tarbes…).
  • IER (Industrie-Emploi-Réseau) : porté par la CCI Occitanie, ce réseau réunit responsables industriels de tous secteurs pour partager de la veille technologique, échanger sur les enjeux RH, innovation, réglementation et s’entraider face aux mutations énergétiques.
  • France Industrie Occitanie : relais régional de la fédération nationale, animé par et pour les employeurs industriels quels que soient leur taille et secteur. Participe au lobbying, relaie les dispositifs France Relance, aide aux diagnostics Transition écologique.
  • La French Fab Occitanie : mouvement rassemblant les industriels engagés dans la modernisation, la digitalisation et l’export (ateliers, networking, présence sur les salons, prix de l’innovation…).
  • Cercle d’Entreprises d’Occitanie (CEO) : club business multi-secteurs qui accueille un noyau fort d’industriels sous la forme de groupes de réflexion et d’entraide interentreprises (conférences, groupes B2B, mini-masterclasses).

Plateformes territoriales et réseaux d'accélération

Des réseaux se sont constitués à l’échelle de bassins de vie ou de territoires singuliers pour renforcer spécifiquement les PME industrielles. Ils assurent ancrage local et coopération inter-entreprises.

  • Territoires d’Industrie Occitanie : 19 territoires labellisés en région (Carcassonne, Montauban, Figeac, Tarn-et-Garonne, etc.) ; chaque territoire anime une plateforme locale de dirigeants industriels. Objectifs : favoriser l’implantation, la croissance, le recrutement, avec soutien direct de l’État, de la Région et des intercommunalités (Territoires d’industrie, gouvernement.fr).
  • Leader Occitanie (Toulouse, Montpellier et antennes locales) : réseau d’entreprises en croissance, dont une large proportion d’ETI et industriels, pour l’accompagnement stratégique, la préparation à l’international… Accessible via processus de sélection.
  • Les plateformes RH/Industrie (par ex. Industrie Tarnaise, Tarn-et-Garonne industrie…) : structures départementales créées pour mettre en réseau employeurs industriels, former en commun, partager des solutions RH (ex : groupements d’employeurs, campus des métiers…).

Accompagnement public et dispositifs spécifiques

Au-delà des réseaux “d’affaires” ou d’innovation, l’écosystème institutionnel régional propose une série de dispositifs concrets pour le développement industriel.

  • CCI Occitanie : propose des clubs industriels départementaux, clubs dirigeants industrie & PME, cycles de conférences thématiques “industrie du futur”, diagnostics et aides au recrutement, performance énergétique.
  • AD’OCC : agence de développement économique régionale. Porte des filières clés (aéronautique, santé, énergie, chimie/pharma, newspace…) et anime des réseaux de projets structurants : Campus des Métiers, Campus Industriels d’Excellence, plateformes d’investissements collectifs.
  • Bpifrance : au travers de ses diagnostics Innovation, Industrie du Futur et accélérateurs thématiques : “Accélérateur Occitanie Industrie”, “Accélérateur Industrie Santé” etc.
  • Pôle Emploi, Région, Direccte : proposent des dispositifs d'intégration dans les réseaux emploi-formation-industrie, notamment sur la VAE, la mutation des métiers et l’inclusion via l’industrie.

Atouts d’un réseau solide : mutualisation, innovation, visibilité

Pour une PME industrielle d’Occitanie, l’appartenance à un réseau, c’est potentiellement :

  1. Accéder à la veille stratégique : nouveaux marchés, règlementations, technologies de rupture, bonnes pratiques sectorielles…
  2. Bénéficier d’effets d’entraînement pour innover, répondre à des appels d’offres collectifs, mutualiser l’accès à de l’équipement, ou négocier l’achat d’énergie/matières.
  3. Développer l’entraide opérationnelle : relais d’expérience, binômes de chefs d’entreprise, solutions collectives face à la pénurie de compétences ou aux tensions d’approvisionnement (ex : échanges temporaires de salariés, plate-forme de compétences inter-entreprises, etc.).
  4. Gagner en visibilité : accès facilité aux grands donneurs d'ordres, prise de parole collective, présence sur les salons spécialisés, participation à des vitrines de l’innovation régionale.
  5. S’ouvrir vers l’international : présence collective sur des salons mondiaux, appui pour se conformer aux normes export, accès à des missions d'affaires et partenariats européens (ex : programmes EUREKA, Euroclusters).

Comment choisir et s’intégrer à un réseau industriel en région ?

Chaque entreprise, de la TPE à l’ETI, aura intérêt à :

  • Identifier ses priorités : recherche d’innovation, besoin de nouveaux clients, conquête de l’international, recrutement, co-investissement, renforcement des achats…
  • Analyser le spectre du réseau : Les réseaux très spécialisés (pôles et clusters) sont puissants pour structurer une filière et innover. Les réseaux plus larges sont pertinents pour la proximité et la réponse à des questions opérationnelles immédiates.
  • Privilégier les réseaux actifs : vérifiez le calendrier d’événements, la régularité des rencontres, l’existence d’outils collaboratifs (plateformes slack, groupes d’entraide…).
  • Tester avant d’adhérer : la plupart offrent la possibilité d’assister à un atelier, une réunion plénière, voire une mission collective avant l’adhésion (renseignez-vous sur les modalités, souvent souples pour les industriels).
  • S’engager dans la durée : l’intégration est d’autant plus effective que l’on participe, joue la transparence entre pairs, propose des retours d’expérience, invite à des visites de sites ou accueille des stagiaires dans le cadre mutualisé du réseau.

Des passerelles entre réseaux, pour une dynamique renforcée

L’un des points saillants de la scène industrielle occitane, c’est la synergie croissante entre les réseaux : nombreux sont les clusters, pôles, agences ou fédérations qui coopèrent désormais pour favoriser la circulation de l’innovation, la mixité des talents ou la création de valeur locale. Exemples :

  • Projets multi-filières : Aerospace Valley collabore régulièrement avec Robotics Place ou Agri Sud-Ouest sur l’agriculture de précision, la robotique agricole, ou l’électrification des processus industriels.
  • Événements inter-réseaux : La CCI ou la Région catalyse des salons où plusieurs réseaux se présentent ensemble, dynamisant le maillage territorial (Industrie Expo, Midinnov, salons Siane…).

Aujourd’hui, l’enrichissement des réseaux industriels passe par la pluralité des liens – un atout singulier de l’écosystème occitan, souvent envié dans d’autres régions.

Pour aller plus loin : quelques ressources utiles

L’Occitanie mise explicitement sur la puissance du collectif pour relever ses défis industriels, qu'il s'agisse de transformation numérique, de relocalisation, de transition bas-carbone ou de conquête de nouveaux marchés. Rejoindre un ou plusieurs de ces réseaux ouvre la voie à une croissance partagée et à une industrie régionale résolument tournée vers l’avenir.

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