Panorama stratégique des réseaux structurant la filière numérique en Occitanie

8 juin 2025

La carte dynamique du numérique en Occitanie

L’Occitanie occupe aujourd’hui une place singulière dans le paysage numérique français. Deuxième région de France pour les emplois numériques après l’Île-de-France, elle emploie plus de 70 000 personnes dans la filière (source : Acoss, 2023). Cette vitalité s’explique par l’effet combiné de deux métropoles (Toulouse et Montpellier), d’un maillage dense de PME et start-up, d’une multitude de centres de recherche, mais aussi – et peut-être surtout — par l’existence de réseaux régionaux puissants et organisés.

Ces réseaux structurent la filière : ils facilitent la coopération, mutualisent les moyens, encouragent l’innovation et offrent des portes d’entrée aux entreprises qui cherchent à grandir, se diversifier ou s’intégrer sur le territoire. Cette cartographie va permettre de mieux comprendre leurs rôles, leurs différences et comment s’y connecter concrètement.

L’écosystème numérique régional : grandes familles de réseaux

Il faut distinguer plusieurs types de réseaux qui interagissent souvent entre eux :

  • Clusters et pôles de compétitivité : pour coopérer et innover à l’échelle régionale et nationale.
  • Associations et collectifs spécialisés : fédérations thématiques (cybersécurité, robotique, IA, e-santé, etc.).
  • Incubateurs et accélérateurs : pour l’émergence et la croissance de start-up et d’innovations numériques.
  • Réseaux d’accompagnement et d’inclusion : pour structurer les compétences, favoriser la diversité et l’insertion dans les métiers du numérique.
  • Clubs et communautés professionnelles : lieux de réseautage, de veille et d’entraide.

Explorer ces réseaux, c’est comprendre comment fonctionne le numérique en Occitanie et trouver les leviers d’action les plus pertinents selon sa problématique.

Les clusters et pôles d’excellence incontournables

Digital 113 : le cluster fédérateur régional

Issu de la fusion, en 2019, de La Mêlée (Toulouse) et du cluster FrenchSouth.digital (Montpellier), Digital 113 est devenu le cluster numérique de référence en Occitanie. Digital 113 représente plus de 400 membres — entreprises, acteurs institutionnels, structures d’enseignement — et s’appuie sur une présence à la fois dans les deux métropoles et dans les centres urbains secondaires.

  • Actions majeures : animation de groupes de travail thématiques (IoT, data, cloud, etc.), organisation de l’événement phare La Mêlée Numérique (plus de 10 000 participants sur 2023), lobbying régional auprès des pouvoirs publics, accompagnement à l’export et à la transformation digitale des PME.
  • Particularité : Digital 113 n’est pas réservé aux pure-players digitaux : des PME industrielles, de l’agroalimentaire ou du bâtiment y trouvent aussi leur place, dès lors que le numérique est au cœur de leur transformation.

Ekitia : fer de lance de la data éthique

Portée depuis Toulouse, Ekitia (ex Occitanie Data) fédère une quarantaine de membres autour de l’économie des données personnelles et de leur usage éthique (Ekitia). Son originalité est de rassembler collectivités, entreprises du numérique, grands groupes (Airbus, CNES, Caisse d’Épargne…) et laboratoires académiques.

  • Missions : créer et animer un label numérique éthique, définir des standards de confiance, mutualiser les expériences sur le RGPD ou l’IA « responsable ».
  • Projet phare en 2024 : développement d’une plateforme régionale sécurisée de partage de données inter-entreprises.

Les pôles de compétitivité numériques à vocation nationale

  • French Tech Méditerranée et French Tech Toulouse : labellisées mais autonomes, ces communautés mènent des actions très complémentaires à celles de Digital 113. Elles accompagnent notamment les start-up en hyper-croissance (“scale-up”) et orientent l’accès aux investisseurs ou aux marchés internationaux — la French Tech Toulouse, par exemple, a suivi plus de 600 start-up depuis sa création (source : La French Tech Toulouse).
  • DERBI (énergie), Agri Sud-Ouest Innovation (agriculture) ou Aerospace Valley (aéronautique / spatial) : proches du numérique, ces pôles croisent infrastructures digitales (IoT, IA, etc.) avec leurs filières d’origine, créant des passerelles fertiles pour les entreprises du numérique.

Associations spécialisées et collectifs thématiques

La Mêlée : agir pour la transformation numérique et l’inclusivité

Née à Toulouse en 2000, La Mêlée est l’une des plus anciennes communautés numériques régionales. En 2023, elle revendique plus de 650 membres actifs (TPE, PME, ETI, collectivités…) et anime des groupes dédiés au digital RH, à l’inclusion sociale, à l’e-santé, ou encore à la French Tech Tremplin.

La Mêlée est particulièrement active sur l’accès à l’emploi dans le numérique, l’événementiel fédérateur (en particulier la Mêlée Numérique, rendez-vous régional annuel), et la veille sur l’évolution des pratiques digitales.

Solidarité et inclusion dans le numérique

  • Le Wagon (Montpellier, Toulouse) : programmation web, initiation à la Data science — avec des parcours très accessibles, souvent mixtes. Bon point : un réseau d’alumnis actif qui facilite le placement des participants.
  • Les Assembleurs, Coorace ou Les Apprentis d’Auteuil : accompagnement au numérique des publics fragiles, accès à des lieux d’inclusion digitaux et animation de bootcamps sur tout le territoire, notamment en zone rurale ou périurbaine.
  • Numérique pour Elles : association dédiée à la féminisation des métiers du digital, via mentorat, ateliers ou visites d’entreprises. Selon le rapport Numerrique 2023, moins de 20% des salariés du numérique sont des femmes en Occitanie, d’où la nécessité de ces réseaux.

Collectifs thématiques en cybersécurité, IA, robotique…

  • Cyber’Occ : filière numérique sécurité au service des entreprises régionales, portée par AD’OCC ; mise en relation avec des prestataires, organisation de journées de sensibilisation, pilotage de la Semaine de la cybersécurité en Occitanie.
  • Mecanic Vallée (Lot, Aveyron, Tarn) : réseau tourné vers la robotique, la mécatronique et l’industrie 4.0 ; de plus en plus présent dans la convergence entre usines et numérique grâce à la montée de l’IoT ou des jumeaux numériques.
  • Occitanie AI : collectif informel mais très dynamique d’experts, entreprises et chercheurs autour de l’IA appliquée ; hackathons, partages d’expériences, connecteurs avec les universités.

Incubateurs, accélérateurs et fablabs : tremplins pour l’innovation

La région est l’une des plus denses en France en matière d’incubation et d’accélération. Selon la Région Occitanie, plus de 60 dispositifs publics ou privés sont actifs, répartis sur tout le territoire.

  • Les Incubateurs publics : Incubateur Nubbo (Toulouse), BIC de Montpellier, Alter’Incub (économie sociale et solidaire digitale) offrent un accompagnement sur-mesure, hébergement, réseaux d’alumnis, et accès aux financeurs publics. Plus de 500 start-up accompagnées rien qu’au BIC de Montpellier depuis sa création.
  • Accélérateurs privés ou corporate : Airbus BizLab (aéronautique, data, IA), Le Village by CA, Ionis 361, IoT Valley (Labège) : accès privilégié à des démos, des investisseurs, ou des marchés pilotes. L’IoT Valley héberge aujourd’hui plus de 40 entreprises et a généré plusieurs licornes régionales (ex : Sigfox), une spécificité locale !
  • Fablabs et espaces collaboratifs : plus de 25 fablabs et makerspaces labellisés (source : Réseau Français des Fablabs) à Toulouse, Montpellier, Castres, Figeac, Perpignan… lieux d’expérimentation, de prototypage et de coopération étroite entre numérique, artisanat et industrie.

Clubs professionnels et réseaux informels : la force du maillage local

Le tissu numérique régional vit aussi grâce à une multitude de clubs indépendants, meetups, réseaux informels qui font circuler l’information, la veille et les bonnes pratiques. Ces clubs sont des portes d’entrée agiles pour explorer l’écosystème avant d’envisager des démarches plus structurées.

  • Montpel’libre : communauté du logiciel libre, propose conférences, ateliers, coding-dojos.
  • Meetup Data Toulouse, Python Montpellier, WordPress Montpellier : échanges techniques, veille, retours d’expérience opérationnels entre développeurs et professionnels du secteur.
  • Clubs d’affaires numériques : Digital Place, Club TIC Sud, Cub Open, etc. organisent petits-déjeuners, pitchs, découvertes de start-up — de véritables plateformes de réseautage au quotidien.

À noter également la contribution croissante d’initiatives privées : agences de communication, startups, grands groupes organisent leurs propres événements pour ouvrir leur carnet d’adresses et intégrer les nouveaux venus.

Se connecter concrètement : premières démarches pour intégrer un réseau

  • Participer à un événement clé : La Mêlée Numérique (Toulouse, chaque automne), la DigiWorld Week de l’IDATE à Montpellier, ou toute journée “portes ouvertes” de fablab permettent d’initier ses premiers contacts.
  • Repérer les relais locaux à proximité : Maison de la Région, agences économiques (ex : AD’OCC), chambres consulaires (CMA, CCI) relaient l’information sur les réseaux existants.
  • S’engager dans un groupe de travail : nombreux sont les réseaux (Digital 113, Cyber’Occ, Occitanie AI) qui proposent des ateliers ouverts aux non-membres pour une première expérience.
  • Opter pour un réseau mixte ou sectoriel : si l’on hésite entre plusieurs réseaux, commencer par un collectif sectoriel (ex : e-santé, IA, industrie 4.0), ou par un club généraliste, permet d’affiner son positionnement avant de s’engager durablement.

Des réseaux en mouvement et des portes ouvertes

La dynamique du numérique en Occitanie s’appuie sur une double force : des réseaux très structurés, favorisant la massification d’actions collectives, et une myriade de collectifs agiles qui permettent de s’immerger progressivement dans l’écosystème. Cette multiplicité peut sembler complexe au premier abord, mais elle reflète surtout la richesse et la vitalité de la région : entreprises de toutes tailles, chercheurs, collectivités, acteurs associatifs ou citoyens y trouvent chacun un relais adapté à leurs enjeux.

En gardant comme boussole la nature de son projet et la volonté d’échanger, il est possible de composer son propre parcours dans cette galaxie numérique. S’informer, tester, participer ponctuellement… Les réseaux sont aujourd’hui pensés comme des carrefours, pas des clubs fermés — une évolution qui ne cesse de s’accentuer au fil des années, au bénéfice de tous.

En savoir plus à ce sujet :